Capitale saturée de musées, Paris peut donner le vertige à qui veut “tout voir”. Pour construire un parcours de dix visites sans redondance, l’idéal est de croiser grands classiques, institutions plus intimes, art, histoire, design et sciences. Voici une sélection pensée comme un séjour complet, où chaque musée apporte quelque chose de différent.
1. Le Louvre : le géant inépuisable
Ancien palais royal devenu le plus grand musée du monde, le Louvre déploie ses collections sur plusieurs niveaux, dans les trois ailes Richelieu, Sully et Denon, couvrant près de 10 000 ans d’histoire de l’art.
À ne pas manquer
La Joconde, la Vénus de Milo, la Victoire de Samothrace, les écoles italiennes et flamandes, mais aussi les antiquités égyptiennes et mésopotamiennes. En marge des icônes, les salles moins fréquentées – sculptures françaises, arts de l’Islam – offrent des respirations très riches.
Pour quel type de visite ?
Une journée peut à peine effleurer les collections. L’approche la plus efficace consiste à choisir un thème (peinture italienne, Égypte, chefs-d’œuvre) ou une aile, plutôt que de tout parcourir.
Les plus
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Une concentration d’œuvres majeures unique au monde.
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Le plaisir architectural de traverser un palais royal et ses jardins.
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Des parcours thématiques et outils de visite bien pensés.
Les moins
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Une foule parfois écrasante dans les salles “stars”.
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Une expérience fatigante sans préparation minimale (plan, choix de parcours).
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Certaines zones ponctuellement fermées pour travaux ou raisons de sécurité, à vérifier avant la visite.
2. Musée d’Orsay : la cathédrale de l’impressionnisme
Installé dans l’ancienne gare d’Orsay, chef-d’œuvre de l’architecture Beaux-Arts, le musée accueille la plus grande collection de peintures impressionnistes et post-impressionnistes au monde, de Monet à Gauguin.
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Les toiles de Monet, Renoir, Degas, Cézanne, Van Gogh, mais aussi les sculptures de Rodin et Camille Claudel, les arts décoratifs et la photographie du XIXᵉ siècle. La vue sur la Seine à travers l’horloge monumentale reste un moment fort.
Pour quel type de visite ?
Parfait pour une demi-journée intense. Le parcours est plus lisible et chronologique que celui du Louvre, ce qui facilite la visite, même sans grande préparation.
Les plus
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Une collection impressionniste et symboliste d’une densité exceptionnelle.
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Un bâtiment spectaculaire qui reste à taille humaine.
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Un bon équilibre entre chefs-d’œuvre ultra-connus et découvertes.
Les moins
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Affluence forte à certaines heures, notamment dans les salles Van Gogh et Monet.
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Restauration et services parfois saturés en haute saison.
3. Centre Pompidou : laboratoire des modernités
Le Centre Pompidou abrite le Musée national d’art moderne, première collection d’Europe pour l’art des XXᵉ et XXIᵉ siècles : peinture, sculpture, photo, design, architectures, nouveaux médias.
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Les grandes figures de l’avant-garde (Matisse, Picasso, Kandinsky, Duchamp, Delaunay), l’art contemporain international, les sections consacrées au design et à la vidéo. Les escalators extérieurs offrent une vue panoramique sur Paris.
Pour quel type de visite ?
Idéal pour comprendre ce qui se passe “après” l’impressionnisme : abstraction, art conceptuel, installations. Un passage quasi obligé pour les amateurs de modernité.
Les plus
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Une vision large des avant-gardes et de la création actuelle.
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Des accrochages régulièrement renouvelés.
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L’expérience architecturale du bâtiment lui-même, manifeste des années 1970.
Les moins
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Parcours parfois déroutant pour les visiteurs peu familiers de l’art contemporain.
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Institution engagée dans un vaste chantier de rénovation avec une fermeture longue prévue à partir de fin 2025 : programmation en mutation, informations à vérifier selon la période de séjour.
4. Musée de l’Orangerie : immersion dans les Nymphéas
Au bord des Tuileries, ce musée aux dimensions modestes est devenu un sanctuaire pour le grand décor des Nymphéas de Monet, immense cycle de panneaux conçus pour envelopper le regard.
À ne pas manquer
Les deux salles ovales des Nymphéas, véritable expérience immersive, puis la collection Walter-Guillaume avec Renoir, Cézanne, Matisse, Picasso, Modigliani, Soutine…
Pour quel type de visite ?
Une heure pour une visite rapide, deux à trois heures pour profiter des collections permanentes et des expositions temporaires.
Les plus
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Un format intimiste, très différent des grands “mastodontes” parisiens.
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Une expérience quasi méditative autour de Monet.
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Un emplacement central, facile à intégrer dans une journée de promenade.
Les moins
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Temps de visite assez court : l’ensemble se parcourt vite.
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Réservation fortement conseillée, petites capacités d’accueil.
5. Musée Rodin : sculptures et jardin secret
Installé à l’Hôtel Biron, demeure du XVIIIᵉ siècle, le Musée Rodin associe un parcours intérieur et un vaste jardin de sculptures, véritable havre de verdure au cœur du 7ᵉ arrondissement.
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Le Penseur, Les Bourgeois de Calais, La Porte de l’Enfer, disséminés dans le jardin, mais aussi les plâtres, dessins et archives qui éclairent le processus créatif de Rodin. Des œuvres de Camille Claudel complètent le récit.
Pour quel type de visite ?
Une demi-journée idéale par beau temps, en combinant les salles et le jardin. Le lieu fonctionne aussi très bien pour un public peu habitué aux musées : le plein air facilite l’entrée dans l’œuvre.
Les plus
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Un des plus beaux jardins de musée de Paris, propice à la flânerie.
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Un focus fort sur un artiste, mais abordé par toutes les facettes de son travail.
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Ambiance paisible, loin du tumulte des grands flux touristiques.
Les moins
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Intérêt moindre pour ceux qui recherchent une grande diversité de styles ou d’époques.
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Fermeture partielle du jardin en hiver et horaires variables selon la saison.
6. Musée Jacquemart-André : l’art dans un hôtel particulier
Sur le boulevard Haussmann, le musée occupe un hôtel particulier de la fin du XIXᵉ siècle construit par le couple de collectionneurs Édouard André et Nélie Jacquemart. On y découvre à la fois leur art de vivre et l’une des plus belles collections privées de Paris (Renaissance italienne, maîtres flamands, art français du XVIIIᵉ).
À ne pas manquer
Le grand escalier monumental, les salons de réception, la galerie italienne avec Botticelli, Bellini ou Tiepolo, ainsi que les expositions temporaires consacrées aux grands maîtres européens.
Pour quel type de visite ?
Deux bonnes heures suffisent. Le lieu plaît particulièrement à celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire sociale, à la vie mondaine de la Belle Époque et à la peinture ancienne.
Les plus
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Atmosphère intime, impression de pénétrer dans une maison habitée.
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Qualité remarquable des œuvres, choisies pièce à pièce par les propriétaires.
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Bon complément aux grandes collections publiques plus encyclopédiques.
Les moins
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Surface limitée, qui peut rendre la circulation dense lors des expositions phares.
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Musée ayant connu une longue fermeture pour rénovation, d’où la nécessité de vérifier les espaces ouverts et l’offre du moment selon la date du séjour.
7. Musée du Quai Branly – Jacques Chirac : les arts du monde
À deux pas de la tour Eiffel, ce musée conçu par Jean Nouvel est consacré aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Sa collection atteint plusieurs centaines de milliers de pièces : masques, textiles, sculptures, instruments, photographies… dont une partie seulement est exposée à la fois.
À ne pas manquer
Le grand plateau permanent, dans une pénombre scénographiée, où se succèdent totems océaniens, masques africains, artefacts amérindiens. Les expositions temporaires abordent souvent des thèmes transversaux (tatouage, musique, photographie, culture populaire).
Pour quel type de visite ?
Une demi-journée permet d’explorer le plateau et un étage d’expositions. Le jardin, abondamment planté, prolonge agréablement la visite.
Les plus
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Un regard décentré par rapport aux canons de l’histoire de l’art “occidentale”.
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Une architecture forte, associée au jardin et au mur végétal.
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Programmation souvent engagée sur les enjeux post-coloniaux et anthropologiques.
Les moins
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Éclairage très tamisé, qui peut fatiguer les yeux.
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Parcours parfois déroutant, avec peu de repères chronologiques pour les non-spécialistes.
8. Musée Carnavalet – Histoire de Paris : mémoire de la ville
Après une vaste rénovation, le musée Carnavalet propose un nouveau parcours chronologique sur l’histoire de Paris, de la préhistoire à nos jours, à travers plus de 3 000 œuvres exposées sur un total de plus de 600 000.
À ne pas manquer
Les salles consacrées à la Révolution française, les enseignes d’anciens commerces, les décors de boutiques et cafés parisiens, les maquettes urbaines, les archives et photographies de grands chantiers ou événements.
Pour quel type de visite ?
Idéal pour qui veut comprendre la ville derrière les cartes postales. Le parcours permanent est gratuit, ce qui en fait une étape souple dans un programme chargé.
Les plus
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Un récit très complet de la vie parisienne, politique, sociale et quotidienne.
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Deux hôtels particuliers historiques, avec jardins, au cœur du Marais.
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Gratuité du parcours permanent, permettant des visites courtes et répétées.
Les moins
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Densité d’informations élevée, au risque de saturer l’attention si l’on veut tout lire.
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Présentation parfois plus documentaire qu’artistique : prix à payer pour la richesse historique.
9. Musée des Arts Décoratifs : design, mode et art de vivre
Logé dans une aile du Palais du Louvre mais indépendant, le Musée des Arts Décoratifs couvre un champ immense : mobilier, objets d’art, design, affiches, jouets, mode, joaillerie. Des accrochages récents mettent particulièrement en avant la mode, le design et la bijouterie, avec des pièces allant de la haute couture aux créations contemporaines.
À ne pas manquer
Les reconstitutions de pièces d’époque, les collections de mobilier et d’objets Art nouveau / Art déco, les expositions de mode, ainsi que les grands dossiers thématiques comme ceux consacrés à Paul Poiret ou à l’Orient-Express, qui exploitent la collection textile et les archives.
Pour quel type de visite ?
Convient parfaitement aux passionnés d’objets, de décoration, de graphisme et de mode. Compter au moins une demi-journée, davantage si une grande exposition attire l’attention.
Les plus
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Diversité des médiums : du fauteuil Louis XV à la robe de couturier contemporaine.
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Expositions souvent spectaculaires, très scénographiées.
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Complément idéal aux musées de peinture “classiques”.
Les moins
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Parcours complexe, avec des enchaînements de salles parfois déroutants.
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L’offre très dense peut donner l’impression d’un “magasin de merveilles” où l’on se perd facilement.
10. Muséum national d’Histoire naturelle – Grande Galerie de l’Évolution
Située au Jardin des Plantes, la Grande Galerie de l’Évolution met en scène plus de 7 000 spécimens naturalisés dans un vaste vaisseau de verre et de métal, rénové en 1994.
À ne pas manquer
La grande procession d’animaux terrestres et marins, les sections consacrées à la biodiversité et aux espèces menacées, les dispositifs interactifs qui expliquent l’évolution et l’impact humain sur le vivant.
Pour quel type de visite ?
Familial par excellence, le lieu fonctionne très bien avec enfants et adolescents, mais fascine aussi les adultes. Une demi-journée permet d’explorer la galerie, puis de prolonger par une promenade dans le Jardin des Plantes.
Les plus
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Scénographie spectaculaire, presque théâtrale.
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Contenu scientifique accessible, bien vulgarisé.
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Une autre facette de Paris, loin de la peinture et de l’architecture.
Les moins
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Moins adapté à ceux qui ne jurent que par les beaux-arts.
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Ambiance sonore parfois très animée (scolaires, familles), surtout le mercredi et le week-end.
Un itinéraire à combiner selon les envies
Entre ces dix musées, un séjour à Paris peut dessiner plusieurs fils rouges :
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Un axe “art classique et moderne” avec le Louvre, d’Orsay, l’Orangerie et Pompidou.
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Un parcours “maisons et décors” avec Jacquemart-André, Rodin, Arts Décoratifs.
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Un regard “ville et monde” avec Carnavalet et le Quai Branly.
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Une respiration scientifique à la Grande Galerie de l’Évolution.
En les combinant sur plusieurs jours, le regard sur Paris se transforme : la ville ne se résume plus à ses façades, mais devient un immense réseau de récits, d’objets et d’œuvres où chaque musée ouvre une porte différente.


